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samedi 24 avril 2010

Morale et bonheur : amis ou ennemis ?

À en croire l’esprit du temps, morale et bonheur ne font pas bon ménage. Inconsciemment influencés par la philosophie Kantienne, nous tenons pour acquis qu’il faut agir de manière désintéressée (i.e. sans avoir en vue notre bonheur) pour agir moralement, et qu’il nous faut jeter aux orties nos devoirs pour enfin vivre heureux (i.e. satisfaire nos désirs). Nous voilà donc écartelés, sommés de choisir entre une vie heureuse et une vie humaine, avec une certitude : quel que soit le parti que nous aurons choisi, nous aurons tôt ou tard à le regretter.

En écoutant Ben Tal Sharar, j’ai repris espoir. Un des éléments qui ressort en effet de manière évidente de son propos, est que pour être heureux, il nous faut aussi accomplir nos devoirs. Par exemple, nous avons le devoir, moral et spirituel, de faire preuve de gratitude envers ceux qui nous ont fait du bien et plus généralement envers tous les bienfaits, petits ou grands, que la vie nous apporte. Et bien, cessons de râler en accomplissant ce devoir, car d’après les études qu’il rapporte, en s’imposant ne serait-ce qu’une fois par jour d’écrire sur un papier quatre éléments de notre vie pour lesquels nous manifestons notre reconnaissance, nous vivons mieux :  nous sommes moins stressés, plus souriants, et en meilleure santé.
Vous me direz qu’il y a des jours où on se sent mieux en ignorant son devoir. Quelle jouissance, par exemple, de donner libre cours au désir de se venger de la pouf qui nous a fait du mal, à l’envie d’humilier le pédant qui nous a pris de haut, de se laisser aller à une petite médisance ou de briser une promesse de fidélité pour vivre pleinement une aventure amoureuse sans lendemain… Et bien, non. Croire que l’on peut vivre heureux en brisant les chaînes de la moralité semble bien n’être qu’une illusion. C’est en effet ignorer les conséquences de nos actions immorales, dont la première est de renforcer en nous les émotions négatives, c’est-à-dire plus ou moins douloureuses à vivre, qui en sont le plus souvent à l’origine. Ainsi, la vengeance ne met pas fin à la haine de l’autre, elle renforce au contraire ce sentiment… De même, contrairement à une idée largement répandue, crier, insulter, frapper la personne à l’origine de notre frustration ne soulage pas notre colère, elle ne fait que renforcer en nous la tendance à réagir par la colère à la moindre frustration (pour ceux qui ont le temps, je suggère la lecture de cet article du Pr. Jacques Van Rillaer). Quant à l’émotion qui nous porte à l’infidélité, sans vouloir trop généraliser, je crains qu’à s’y laisser aller, elle ne nous conduise de lit en lit, de partenaire en partenaire, sans y trouver de satisfaction profonde et durable…

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